Loup

Vous avez dit Vivant ?

Connaissez-vous Baptiste Morizot ?

Il y a deux mois de cela j’aurais répondu non à cette question… et, à vrai dire, je ne le connais toujours pas car je n’ai pu qu’effleurer une partie de lui à travers ses écrits et des émissions radiophoniques auxquelles il a participé.
Le premier contact, je m’en souviens encore. J’étais à Angoulême et j’écoutais France Culture avant une intervention. Cet homme relatait une expérience qui se passe, entre autres, à quelques kilomètres de chez moi, dans le Vercors : le rachat d’un bout de terre pour y laisser la forêt en libre évolution. Une initiative qui a fait défiler ensemble dans les rues de ma petite ville de Crest les chasseurs, les agriculteurs bio et les agriculteurs conventionnels : un exploit !
J’étais totalement scotchée par sa façon de nommer les choses. Son approche du vivant et surtout de notre relation au vivant, en tant qu’humain. Ce qu’il proposait me paraissait absolument révolutionnaire et inédit. Pourtant, rien de vindicatif dans le ton ou les paroles, au contraire, beaucoup de délicatesse et de précision. Il propose clairement un grand retournement : en finir avec la nature pour rentrer dans le vivant dont nous sommes, selon lui, une partie, au même titre que les autres. Car nous sommes part de l’évolution, nous partageons notre histoire de vivants au milieu du vivant avec ces « autres pas comme nous ». Quoi que nous pensions, nous co-évoluons.

Présence et lien au vivant

Alors je me suis plongée dans ses derniers écrits : Manières d’être vivant et Raviver les braises du vivant. J’ai été absolument éblouie par ce qu’il relate de ces expériences avec les loups, sur le plateau du Vercors et par sa pensée. Une pensée de la présence à ce qui est, une pensée du lien, une pensée de la rencontre et de l’accueil de ce « pas comme moi ». Une proposition d’un autre regard, un « regard ajusté » comme il le dit sur ce vivant dont nous sommes.
Alain Damasio en postface de Manières d’être vivant dit ces mots : « … Baptiste Morizot est une porte. Non parce qu’il anticiperait mieux que quiconque ou qu’ils projetterait plus loin ses visions. Précisément l’inverse : parce qu’il est là quand beaucoup trop d’autres regardent ailleurs (j’entends : derrière nous, au-delà, de trop loin ou de trop haut, à la manière d’aigles myopes ». Parce qu’il habite le présent de nos relations, qu’il s’y place comme au nœud de l’écheveau et nous fait ainsi toucher ce que nous pouvons être et comment cohabiter ensemble une fois cette absurdité abyssale d’un monde coupé du monde dépassée. » La pensée est « polytique », sensible… Éminemment sensible là où il pose d’emblée que la crise écologique actuelle est d’abord une crise de nos relations au vivant et que c’est en cela, avant tout, une crise de la sensibilité.

Inspiration

Moi qui suis absolument passionnée par les organisations vivantes, j’ai trouvé ces deux ouvrages tellement inspirants. Leurs pages sont désormais griffonnées, cornées tant ces deux lectures ont été riches. Je vais me replonger dans toutes cette matière car j’y puise des éléments fondateurs du sens de mon action. Assurément, je vous parlerai encore de Baptiste Morizot !

Ressources :
La page de Baptiste Morizot sur France Culture
Le hors-série de Socialter : Renouer avec le vivant