Ce qui me marque lorsque je regarde les dernières années écoulées, c’est que, peu à peu, j’ai renoué des liens avec des pratiques créatives. Je n’ai jamais pensé que je pouvais avoir le moindre talent artistique. Je crois même que cela a longtemps été un tabou pour moi tant j’étais en admiration devant ceux qui consacraient leur vie à l’art, quel qu’il fût. Et pourtant, petit à petit, la création a fait son nid dans ma vie.
L’écriture, d’abord… Je crois que depuis que je suis adolescente, je tiens un journal intime. Alors j’étais plutôt proche de cette forme de dialogue avec moi-même qui m’a permis de dénouer bien des situations. Pourtant, un jour, après avoir lu et même rencontré, parfois, de magnifiques auteurs, j’ai eu envie d’aller plus loin, d’écrire autre chose, de nourrir un autre rapport, presque charnel, à l’écriture. Après ma maternité, alors que je ressentais au plus profond de moi les effets du manque de temps pour me retrouver, j’ai décidé de me faire un grand cadeau. Je me suis inscrite à aux ateliers de Laurence Nobécourt. Des journées entièrement consacrées à l’écriture, au verbe, le mien, celui des autres. Au fil des propositions de Laurence, l’écriture m’a ouvert la voie vers un autre moi, une autre moi, celle qui siège au plus profond de moi, qui brûle de vie et d’envie, qui s’émeut et chavire, qui se redresse et se reconstruit. Écrire puis lire à haute voix devant les autres, redécouvrir ainsi ses mots et cette autre moi, ressentir au plus profond de moi la densité, l‘intensité de la vie. Quelle expérience…J’ai quitté ces jours en me disant qu’en chacun.e de nous siège un être extra-ordinaire ; cela ne m’a jamais quittée depuis.
Et puis, j’ai eu besoin de travailler une autre matière. C’est alors que je me suis invitée dans l’atelier de Christine Cosmano Prohaszka, céramiste d’art et art-thérapeute. J’y suis allée avec une intention bien précise : « ne plus avoir peur de rentrer dans la matière ». A peine ai-je eu les mains dans la terre que je suis rentrée dedans, sans peur. J’étais donc là pour autre chose et j’allais le découvrir au fil des séances. Cette fois-ci, j’ai découvert le pouvoir de mes mains. Je les ai laissées faire, parfois les yeux fermés. Elles m’ont surprise. Elles m’ont parlé de moi à leur manière, à travers cette matière mère qu’est la terre. Je ne pouvais plus dire que je ne savais pas. Les pièces que j’ai créées à ce moment-là sont présentes autour de moi, ici et maintenant. Elles me soutiennent dans ce que j’entreprends. Elle me disent que je n’ai qu’à me laisser faire et que tout est là. La terre m’a enseigné cette chose que je garde précieusement avec moi : si je ne m’attache pas à des attentes (la pression du résultat) et que je laisse faire ce qui ce surgit quand je suis vraiment présente à moi-même et au monde, je peux avoir confiance et c’est là que se niche ma puissance dans l’agir.
Et puis l’année passée, j’ai plongé dans les propositions de Béatrice Maine. J’ai vécu notamment un séminaire sur ma relation à l’argent pendant lequel je me suis redressée : je me suis vue femme debout. Et puis, un peu plus tard, j’ai introduit, grâce à Béatrice, la pratique du journal créatif dans mon quotidien. Du dessin, de l’écriture, du collage, pour déposer, transformer, explorer des états d’être. Et, jour après jour, je sens le champ de mes perceptions qui s’agrandit, je vis le jaillissement des élans et des envies, je savoure le subtil renforcement intérieur. Jour après jour, à travers mes créations, je me vois autrement et je découvre petit à petit une autre image de moi-même. Je nourris une mémoire du futur qui m’amènera, j’en suis certaine, à vivre autre chose.
Alors que j’écris ces lignes, je ressens une infinie gratitude envers ces femmes qui m’ont accompagnée pour aller chercher le meilleur de moi-même, dans ma puissance et ma vulnérabilité. Partager avec vous des morceaux de ce que j’ai vécu à leur côté est ma façon à moi de leur rendre hommage et de les remercier. Mon chemin est balisé de rencontres et « d’échanges qui me changent » ; je me sens chanceuse. La gratitude que j’éprouve s’étend à toutes ces personnes rencontrées et au plus grand que moi.
Laurence, Christine, Béatrice m’ont fait des propositions pour que j’aille chercher ma pleine présence, ma pleine puissance. Elles m’ont soutenue sur ce chemin en m’écoutant, en adaptant et en laissant toujours ouverte la porte des possibles. Leur posture magnifique de soutien inconditionnel, d’amour font d’elles de réelles sages femmes. Les collectifs qu’elles ont su réunir autour d’elles lors des stages ont été aussi un grand soutien, parfois même des déclencheurs.
Ces femmes, leur posture, leur pratique m’inspirent et je ressens une joie profonde lorsque je parviens à toucher, à vivre cela dans ma manière d’accompagner les collectifs et les personnes qui les composent.